8.24.2007

Renaissance (où l'auteur reprend du service le coeur léger)

Et pour entamer ma propre "rentrée littéraire" alors que tout Saint-Germain-des-Prés frétille fébrilement du croupion autour des nombreux buzz de la collection Automne/Hiver 2007 (je vous en fouterai, moi, de la rentrée...), qui choit ces jours-ci avec fracas par piles démesurées sur les étals, je vous fais part, vendredi oblige, de cette juste réfléxion de Sainte Simone Weil sur le mal, trouvée dans La pesanteur et la grâce.

"Littérature et morale. Le mal imaginaire est romantique, varié, le mal réel morne, monotone, désertique, ennuyeux. Le bien imaginaire est ennuyeux; le bien réel est toujours nouveau, merveilleux, enivrant. Donc "la littérature d'imagination" est ou ennuyeuse ou immorale (ou un mélange des deux). Elle n'échappe à cette alternative qu'en passant, en quelque sorte, à force d'art, du côté de la réalité - ce que le génie seul peut faire."

Quant à la rentrée littéraire, elle attendra pour ma part quelques jours de plus.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce qui permet de distinguer l'imaginaire de génie de l'imaginaire du commun, n'est-il pas justement sa nature profondément morale? Pour ajouter au crédit d'une telle thèse, il faudrait oser affirmer que toute prétention à la totalité est d'essence religieuse. Mais n'a-t-on pas souvent vu au sein des pensées les plus puissamment cohérentes, les forme les plus abouties de l'athéisme?
Toujours est-il que si les romans à thèses sont souvent des échecs; les chef-d'oeuvres montrent toujours de surprenantes aptitudes à en défendre les mêmes principes.

TheNightWatch a dit…

Oui, l'imaginaire du génie, pourrait-on dire, est de nature morale parce que justement ancré dans une volonté réaliste totalisante, ce qui ne peut que favoriser une vision spirituelle du monde. C'est toujours le même problème : certains artistes sont en lutte en eux-même, et font fonctionner leur cerveau droit (Yin et synthétisant) contre leur cerveau gauche (Yang et analysant), ce qui fatalement, et malgré tout leur talent, les mènent à une forme de nihilisme. L'artiste accompli (ou "génie") quant à lui, accède plus spontanément au caractère sacré de son expérience en ce sens qu'il est capable de réconcilier et faire travailler ensemble son imaginaire (cerveau droit) et ce qu'il tire de l'observation prosaïque de sa réalité personnelle(cerveau gauche). Ce n'est qu'une théorie schématique, mais à mon sens la neurologie a beaucoup de choses à apprendre des pratiques de l'art et de la spiritualité (et vice versa).

Anonyme a dit…

La notion même de "création" ne réside-t-elle pas entière dans ce secret de la ré-invention de la matière du réel par l'esprit?
Pour cette raison j'aurais tendance à considérer que l'écueil de la pensée artistique consiste à se faire un simple sport de la distorsion et du travestissement de la réalité.

TheNightWatch a dit…

Voilà des considérations qui pourraient nous mener bien loin ! Pour faire court : toute création artistique n’est en effet qu’une re-création, le principe de Lavoisier pouvant aussi bien s’appliquer aux choses de l’esprit qu’aux atomes. Quant à parler d’écueil, je ne pense pas qu’il réside exactement dans ce mécanisme de distorsion (la transmutation subjective du réel par l’artiste impliquant nécessairement une telle distorsion à un degré plus ou moins grand) mais plutôt dans l’incapacité de faire ensuite s’accorder cette vision transformée à la nature, de la mettre en résonance avec la réalité. Alors oui, cet oubli de la source et donc du but à atteindre, tentation autiste qui guette tout créateur, risque de rendre son travail stérile, condamné à ne fonctionner qu’en vase clos.

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