9.21.2007

L'immortalité du principe désirant (où l'auteur en manque de titre fait son Sollers et en trouve un bien pompeux)

Girard, ce bougre d'académicien, a bien sûr levé un sacré lièvre, avec sa théorie du "désir mimétique". Mais au fond, peu importe qu'il soit mimétique ou non : pour ma part, je me refuse à considérer l'homme simplement pris dans la tourmente de la foule, aussi grégaire soit-il. Il ne me parle qu'en tant qu'il reste une entité singulière, et le désir oui, est bien alors, strictement, le plus petit dénominateur commun entre les êtres. Tout en nous n'est mué que par l'éternel cycle inchangé du désir et de la violence, ces deux faces complémentaires d'une même dynamique, très animale, celle-ci, l'élan vital tant pointé du doigt par l'amer Schopenhauer. Y a-t-il au fond rien d'autre pour expliquer nos actes, des plus nobles aux plus barbares? Cherchez, fouillez bien votre carcasse, sondez profondément, comme Dieu, votre coeur et vos reins. Toujours, et parfois bien malgré vous, renaîtra dans l'âtre le plus froid, à la faveur de circonstances imprévisibles, le feu dévorateur du désir. Constantes, les braises jusqu'alors étouffées raviveront la cendre, et votre raison ne vous sera sans doute que de bien peu de secours pour tenter de circonscrire le brasier gourmand.

L'homme n'avance qu'à l'état d'incendie, candide Phoénix involontaire qui relance sans cesse son propre mouvement perpétuel. Et le désir, pareil au tonneau des Danaïdes, n'est jamais comblé : toujours repoussé, reporté, déplacé. Sommes-nous à peine étanchés que déjà en quête d'une autre soif, simplement parce qu'il n'y a pas moyen de faire autrement, tout être privé de cet élan n'étant jamais qu'un automate. Qu'importent alors les conséquences funestes que ne peuvent manquer d'engendrer les emballements! Le désir n'a pas attendu notre société consumériste pour se faire fort d'être respecté, et assouvi autant qu'il est possible par les moyens les plus divers, et souvent les plus détournés... Notre histoire, aussi grande soit-elle, ne résonne en tous points que de l'écho de cette volonté intrépide : "Flamme je fais ce que tu veux".

1 Comment:

Anonyme a dit…
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