7.30.2007

Collage (où l'auteur joue à l'artiste contemporain)

D'après la notice qu'en donne la version anglaise de Wikipédia, il paraîtrait (sur ce site, même le conditionnel est à prendre avec des pincettes) que l'une des sources potentielles d'inspiration de l'inégalable Riders on the storm des Doors pourrait être, au moins pour l'intitulé, à chercher du côté d'un poème surréaliste français, "Les chevaliers de l'ouragan", que la notice attribue de manière hasardeuse à André Breton ou Aimé Césaire (?!). Renseignements pris, la pièce en question, parue en 1924 et recueillie deux ans plus tard dans Le mouvement perpétuel est en réalité d'Aragon et fleure bon l'écriture automatique.

Et si la comparaison de ces deux oeuvres ne s'avère pas très convaincante vis-à-vis de l'hypothèse de départ, le téléscopage que produit la collision du jeu hypnotique de Manzarek avec les vers boiteux d'Aragon n'en est pas moins curieux, et presque beau. Beau comme... la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie, bien sûr! Je vous laisse profiter sans plus tarder du phénomène.




Les Chevaliers de l'ouragan (1924) :

Les chevaliers de l’ouragan s’accrochent aux volets des boutiques

Ils renversent les boîtes à lait comme de simples mauviettes

Ils tournent autour des têtes

Ils vont nostalgiquement s’appuyer à la boule barbue des coiffeurs

Chevaliers de l’ouragan

Qu’avez-vous fait de vos gants?

Au hasard des quartiers qu’ils ébranlent

Ils montent entre les maisons

En haut en bas en haut en haut

Ils soupirent dans les soupentes

Ils soupirent aux soupiraux

Chevaliers de l’ouragan

Mais où mais où avez-vous mis vos gants?

L’un s’éloigne l’autre s’approche

Ils sont deux je le vois bien

L’un s’éloigne c’est saint Sébastien

L’autre s’approche c’est un païen

Chevaliers de l’ouragan

Comme vous êtes intrigants

Saint Sébastien arrache un peu ses flèches

Le païen les ramasse et les lèche

Saint Sébastien porte l’heure à son poignet

Trois heures dix

Chevaliers de l’ouragan

Où où où avez-vous mis vos gants?

Hou hou dans les cheminées

Trois heures onze à présent

Il n’y a plus de métro depuis longtemps

Qu’allez-vous chercher dans les caves?

Chevaliers de l’ouragan

Auriez-vous perdu vos gants?

Ici j’ai mis ma cravate

Me répond saint Sébastien

Le païen le païen ne dit rien

Il a l’air d’avoir égaré sa cravate ma parole

Chevaliers de l’ouragan

À l’égout s’en vont les gants

L’un regarde le présent

L’autre a des souvenirs dans les oreilles

L’un s’envoie et l’autre meurt

La nuit s’ouvre et montre ses jambes

Chevaliers de l’ouragan

Chevaliers extravagants

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Full Moon's raging over my head tonight. Heart's askin' : am I gonna die? Beats like a rain of stones. Only tears aswering.

TheNightWatch a dit…

D'où vient donc cet air mélancolique? L'influence de la lune sur la marée?

Anonyme a dit…

La nostalgie à l'oeuvre chez le païen. Quelque vide insolite, insoluble... Insoutenable et pourtant quasi nécessaire, peut-on écrire sans la nostalgie de Dieu?

TheNightWatch a dit…

Le propre de Dieu, c'est son absence, lui qui n'est pas le "prince de ce monde", mais de l'autre. Alors oui, sans doute ne peut-il féconder les "païens" que par le manque qu'il inspire.

Anonyme a dit…

Void's not enought for me. Lacks miracles our days... Give me only the flesh and bones shadow of an old dream and I guess I could deal whith it. ;)
Signed : symbol eater

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